Pauvre Camille…

J’ai lu récemment dans Connaissance des Arts une nouvelle qui m’a émue… et révoltée.
À Paris, un commissaire-priseur a redécouvert un bronze rarissime de Camille Claudel, L’Âge mûr, une œuvre magistrale dont on avait perdu la trace depuis plus de cent ans.
Le 16 février prochain, la maison Philocale le mettra aux enchères, avec une estimation comprise entre 1,5 et 2 millions d’euros.
C’est fascinant: une œuvre d’un tel génie, oubliée dans un appartement pendant des décennies, presque effacée des mémoires, et qui refait surface aujourd’hui pour enflammer le marché de l’art.
En lisant cet article, j’ai ressenti une immense tristesse.
Ce bronze, Camille Claudel l’a sculpté à une époque où elle exprimait dans son art une richesse et une profondeur extraordinaires.
A ce moment de son existence, Camille s’était séparée de Rodin qui lui avait promis le mariage sans jamais pour autant quitter sa compagne.
Elle a alors sculpté des oeuvres montrant un homme déchiré entre deux femmes.
Il n’existerait que trois exemplaires de cette sculpture, qui est le reflet d’une immense souffrance.
Et le monde des arts a les yeux fixé sur ce qui sera sans doute l’une des mises aux enchères les plus attendues de l’année.
Mais qu’a reçu Camille Claude de son vivant?
Le mépris, l’isolement, l’abandon.
On connaît la suite: enfermée dans un asile pendant trente ans, elle est morte seule, une fois encore abandonnée de tous.
Aujourd’hui, on parle d’elle, on admire son génie, et ses œuvres atteignent des prix vertigineux.
Elle aurait eu tellement besoin de cette reconnaissance de son vivant.
Ce n’est pas seulement une injustice, c’est un miroir cruel de notre société, où les talents sont souvent célébrés trop tard, une fois qu’ils ne peuvent plus entendre ces louanges.
Alors oui, je suis heureuse qu’on redécouvre ce bronze, heureuse qu’on parle toujours d’elle, qu’on lui rende enfin une place dans l’histoire de l’art.
Mais en même temps, cela me brise le cœur.
Cette femme ne méritait pas un tel sort.

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