Il y a des jours où le salon se transforme en théâtre et vendredi après-midi, j’étais au premier rang…
Mes trois bichons – Pomme, Kali et Babou – avaient décidé que le moment était venu de mener une offensive en règle.
Il était 15h20.
L’heure critique approchait: celle du fameux rituel du jambon.
Comme je l’ai déjà expliqué, chaque jour, entre 16h et 16h30, Pomme reçoit ses médicaments, dissimulés dans deux petits rouleaux de jambon.
Et pour éviter les jalousies ( le monde des bichons est impitoyable!), Kali et Babou ont droit, elles aussi, à un petit morceau.
Autant dire que cette collation est attendue avec une ferveur religieuse.
Sauf qu’hier, la journée avait été longue, et ma patience devenait courte.
J’avais déjà répondu à toutes leurs sollicitations: câlins, sorties, grattouilles, ascenseur pour canapé (« aide-moi à monter, aide-moi à descendre!).
Alors quand Pomme s’est installée devant moi, me fixant sans bouger – sa technique infaillible pour me faire céder – j’ai tenté l’insurrection en élevant la voix:
– Ça suffit maintenant ! Laissez-moi respirer cinq minutes. Et toi, Pomme, arrête de me regarder comme ça…
Elle n’a pas bronché.
Kali et Babou, solidaires, se sont alignées, prêtes à soutenir leur aînée dans ce combat visuel.
Trois paires d’yeux braquées sur moi, trois volontés unies dans la quête du jambon.
C’est alors que mon Capitaine m’a regardée avec un sourire amusé et goguenard:
– Ah bon… mais alors… ça ne fonctionne qu’avec moi, ta méthode?
Et là, fou rire immédiat.
Parce qu’il avait raison…
Les demoiselles bichons, elles n’écoutaient pas.
Elles attendaient, inébranlables, déterminées.
J’ai fini par céder… à 15h50.