Parmi tous les enfants que j’ai croisés dans ma vie, il en est un qui me revient toujours en mémoire dès que j’entends l’expression « c’est mon tendon d’Achille » .
Cet enfant, sérieux et plein de bonne volonté, a un jour voulu utiliser cette formule pour faire son effet et a déclaré sans sourciller que c’était son… « dindon d’Achille ».
Ce qui, évidemment, a d’abord plongé tout le monde dans un silence perplexe.
Puis, petit à petit, le fou rire a commencé à nous chatouiller.
Mais l’histoire ne s’arrête pas là.
Inquiet de voir des sourires se former autour de lui, il est venu me demander:
« Pourquoi ils rient? Il faut que je te pose une question: c’est qui, ce dindon et c’est qui Achille? »
J’ai réalisé qu’à ses yeux, il existait quelque part dans l’histoire un pauvre Achille accompagné d’un dindon dont la destinée particulière justifiait qu’on en parle encore aujourd’hui.
Je lui ai expliqué et, pour éviter qu’il ne pense que l’on se moquait de lui, je lui ai dit que, parfois, quand qu’une personne enrhumée parlant un peu du nez prononçait le mot « tendon », cela pouvait donner l’impression qu’elle parlait d’un dindon… d’où la confusion.
Depuis ce jour, à chaque fois que j’entends quelqu’un prononcer l’expression, je ne peux pas m’empêcher de penser à lui et au compagnon emplumé du Grand Achille…