Je devais me rendre cette semaine à un rendez-vous médical de routine, au cours duquel j’ai reçu des nouvelles dont je me serais bien passée.
Mais ma manière d’appréhender une consultation médicale n’a pas changé d’un iota: j’ai horreur d’être cantonnée dans le rôle « patient-médecin ».
C’est la troisième fois que j’étais reçue par ce médecin masculin qui accepte de prendre en charge les patients de ma doctoresse lorsqu’elle est absente.
Nous apprenons peu à peu à nous connaître.
Notre conversation a glissé sur le sujet des retraites, très d’actualité en ce moment, et il m’a demandé ma position.
Je lui ai répondu que la perspective d’une retraite à 64 ans ne me trouble pas puisque, en Suisse, nous travaillons jusqu’à 65 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes.
Néanmoins, je m’estime privilégiée d’exercer un métier qui me passionne, qui ne demande pas d’efforts physiques lourds… et que j’espère pouvoir continuer à pratiquer après la date butoir.
J’estime donc évidemment essentiel de réserver des régimes spéciaux pour tenir compte des professions mettant les organismes en souffrance.
De son côté, il m’a tracé une courbe m’expliquant l’idée que ses collègues et lui avaient de la retraite presque parfaite, qui correspond beaucoup à ma propre vision.
Et je lui ai posé une question qui a engagé un dialogue auquel je ne m’attendais pas du tout:
– Et vous, lorsque ce sera votre tour d’arriver à l’âge de la retraite, quel serait l’âge idéal à vos yeux?
J’ai vu ses yeux pétiller derrière son masque et ses lunettes:
– Moi? Mais quel âge me donnez-vous?
– Je ne sais pas… cinquante-cinq ans?
– J’en ai 70.
J’étais sidérée.
Ce monsieur ne fait absolument pas son âge.
Il m’a expliqué avoir repris du service car, comme moi, il aime son métier et est très conscient du fait que nous manquons de médecins.
Cette consultation nous a menés à deux reprises sur des terrains inattendus qui m’ont presque fait oublier la raison pour laquelle j’étais là!
