Cela peut paraître insolite pour ceux qui me connaissent sans me connaître vraiment, mais il m’arrive d’avoir des conversations inattendues au sujet de la nourriture, lorsqu’il s’agit des bons et des moins bons produits. Il faut croire que l’influence d’Eric et de Jean-Pierre Coffe porte ses fruits!
Ces derniers jours, dans la douce quiétude familiale et amicale retrouvée de mes quatre tendres Bretons en visite chez moi pour la semaine, nous avons vécu un épisode que je n’oublierai pas de sitôt et qui nous a permis d’explorer ensemble le monde des fromages.
Fred m’a fait goûter une chose bizarre revendiquant le nom d’Emmental.
J’ai eu la très nette impression d’avoir en bouche une chose parfaitement insipide…
– Tu n’aimes pas mon fromage?
– Ah ça, ce n’est pas du fromage, c’est du plastique!
– Du plastique?? Mais c’est très bon!
– Si tu veux. En tout cas ce n’est pas de l’Emmental.
– Mais si!
– Mais non! Je vais vous en trouver et vous allez voir…
Aussitôt dit, aussitôt fait.
Profitant d’une incursion dans la civilisation helvétique, j’ai décidé d’ouvrir le monde des vrais fromages à mes amis.
J’ai d’abord été chercher un morceau d’Emmental à la coupe, puis nous sommes allés à Aigle, chez l’un des meilleurs fromagers du lieu.
Je voulais leur prendre du fromage à raclette digne de ce nom et, surtout, une merveille pour les fins palais: le brie aux truffes.
J’en ai acheté un gros morceau et nous sommes revenus dans mon antre pour une soirée découverte de véritables mets confectionnés par de véritables artisans pour de véritables gens. Et non pas des choses infâmes où tous les goûts se confondent…. quand ils ont du goût!
J’ai commencé par leur offrir de l’authentique Emmental.
J’ai compris qu’ils aimaient lorsque Fred a dit: « Ah oui… il n’y a pas photo…. »
Ensuite, nous sommes passés à table.
Ce fut un repas apparemment tout simple.
Pain frais, beurre breton, pâté artisanal et de différents fromages dignes de ce nom.
Le pâté a remporté l’adhésion de mon jury.
Puis j’ai délicatement ouvert le papier qui contenait le précieux brie aux truffes et je l’ai servi.
J’ai appris que, pour mes goûteurs, c’était la première incursion dans le monde de la truffe.
Le petit Yoann l’a avalé comme un bonbon. Béa et Aurore ont mangé avec prudence, reconnaissant la qualité du produit.
Quant à Fred, il a littéralement craqué, d’autant qu’il le dégustait avec un excellent vin rouge.
Le lendemain, le fromage à raclette (un « vrai », lui aussi!) a remporté un succès mérité, comme ses confrères.
Le séjour en Suisse de mes amis commence à ressembler à l’un des albums d’Astérix que j’avais préféré: « Le Tour de Gaule », où les deux héros ramenaient des spécialités culinaires de tous les endroits qu’ils découvraient…
J’espère que cette expérience fera oublier celle du « Rithon Martinien » déjà relatée ici, où j’avais failli occire innocemment le tiers des habitants de mon Triangle d’Or pas encore Carré!
Martine Bernier