Que serait le monde sans les friandises? Elles font partie de notre patrimoine gourmand, et font craquer les petits comme les grands. Les bonbons ont intégré notre culture au fil des âges. Voyage à travers un monde de douceurs et de couleurs…
Si, comme le chantait Brel, « les fleurs sont plus présentables », les bonbons restent les chouchous des palais gourmands. Sans avoir l’air d’y toucher, ils sont des compagnons quotidiens, souvent liés à nos souvenirs d’enfance, parfois même emblèmes d’une région. Humains mes frères, nous ne sommes pas égaux devant les bonbons. Si certains assument parfaitement leur penchant en avouant sans honte les acheter pour leur propre consommation, d’autres déclarent ne pas les acheter pour eux, mais les offrir à leurs enfants ou petits-enfants. Alibi ou réalité? Toujours est-il qu’en prenant de l’âge, nos goûts ont évolués. Les becs à bonbons adultes avouent une préférence pour les friandises plus classiques, du style pastilles de menthe, caramel ou réglisse. Les enfants, eux, adorent mastiquer les bonbons multicolores, élastiques, acidulés ou crépitants.
Les stars
Les bonbons font partie d’un marché en constante évolution. Chaque année, de nouveaux font leur apparition. Certains font leur chemin pour aller rejoindre les vedettes inconditionnelles des présentatoires. D’autres disparaissent, faute d’avoir trouvé leur public. Bonbons cuits, gélifiés, gommes, sucettes, réglisses: ils sont les augustes descendants des douceurs créées à l’Antiquité où le miel était utilisé pour conserver les fruits. Mais c’est au Moyen Age que la confiserie a réellement débuté sa longue carrière, avec la découverte du sucre de canne par les Croisés. Quelques stars se disputent la vedette. Le Cachou, pastille de réglisse carrée dont les petites boîtes jaunes sont encore aujourd’hui remplie manuellement et contiennent toutes… entre 260 et 272 cachous! Les dragées ont été créées en 1220, par un droguiste de Verdun qui a eu l’idée d’enrober une amande de sucre et de miel durci. Le rouleau de réglisse, surnommé « lacet », ou « mètre roulé » par les enfants, est composé deux fils collés ne mesurent que cinquante centimètres. Et l’usine Haribo, qui le fabrique, en sort 350 kilomètres par jour. La sucette a été inspirée à Georges Evrard, patron de l’entreprise « Pierrot Gourmand » dans les années 1920, alors qu’il se promenait dans une fête foraine où les enfants, se délectent de sucres d’orge, qu’ils évitent de déshabiller complètement de leur emballage pour ne pas avoir les doigts poisseux.
Bien sûr, les stars ont la cote. Mais les classiques font également partie de nos compagnons de sac à mains ou de fond de poche. Beaucoup d’entre eux ont été concoctés dans le secret des couvents et des officines. C’est là que les spécialistes ont percé les mystères des fleurs et des plantes aptes à nous soigner. Ces remèdes d’hier nous suivent encore aujourd’hui.
La réglisse existe également en carrés. Les Egyptiens l’utilisaient pour soulager les problèmes gastriques et les maux de gorge. Mais elle est déconseillée aux personnes souffrant de troubles cardiaques. L’angélique est connue pour ses vertus expectorantes. Au Moyen Age, elle permettait, dit-on de lutter contre la peste. Ce n’est qu’au 18e siècle qu’elle est devenue une friandise. Toujours au Moyen Age, la violette entrait dans la composition du sucre violat, souverain contre la constipation. Aujourd’hui, cette délicieuse fleur parfumée est cristallisée dans du sucre candi.
La pastille Vichy, créée en 1825 avec les eaux riches en sels minéraux de la même ville, est née, elle, pour soulager les maladies du foie et de la digestion.
Les bonbons tout moches: mode passagère?
Si une clientèle fidèle continue à apprécier des caramels à la crème, les enfants lorgnent vers d’autres horizons. Avec leurs têtes de morts, leurs grimaces et leur drôle de gélatine dégoulinante, les nouveaux bonbons font, semble-t-il, fureur dans les cours d’école. Plus c’est laid et gluant, plus ils séduisent! Les doigts poisseux activent des leviers libérant des jets de sucre liquide, les petites bouches avalent sans broncher des monstres acidulés, le tout dans la volupté la plus béate. La vague de « bonbons pas beaux » qui déferle sur nos têtes blondes fait appel à leur imagination, se transforment en jouets d’un instant, et semblent sortie d’un jeu vidéo. Les enfants en raffolent… pour le moment.
Martine Bernier