Jour de grâce aux Pralies

Hier, nous avons pris notre après-midi, ce qui m’arrive très rarement, pour filer non loin de Nyon (Vaud), en direction de la Ferme des Pralies.
La Dame des Pralies y fêtait un anniversaire « rond »: il n’était pas question de manquer le rendez-vous.
L’endroit a fait partie de ceux qui ont beaucoup souffert de la grêle, cette année. 
Pourtant, quand on en parle  avec Bernard, qui a créé le lieu, et avec Gabi qui a pris la relève, le larmoiement n’est pas de mise.
Ils conviennent simplement que, oui, c’est une année « différente »…
Ainsi va l’esprit des Pralies, véhiculé par ses deux piliers.
En nous montrant les murs martelés par les grêlons gros comme des balles de tennis, le toit en reconstruction et les arbres très abîmés, Bernard m’a tordu le coeur en prononçant cette phrase: « Tu sais ce qui m’a fait le plus de peine? Ce sont tous ces petits oiseaux qui ont été tués par la grêle. »
C’est vrai… on ne parle jamais des oiseaux lors de ces épisodes violents où, dans le cas présent, les vents soufflaient en tempête folle.

La visite des lieux terminée, nous nous sommes retrouvés à onze personnes autour d’une grande table, toutes réunies pour indiquer à Gabi qu’elle compte pour chacun d’entre nous.
Bernard aux fourneaux. Au service, un jeune couple bougrement sympathique dont le jeune homme est un loyal sujet de la Queen d’Angleterre…  
Le repas fut somptueux.
Et l’après-midi a été un enchantement.
Toutes les générations étaient représentées autour de la table.
Et chaque convive était attachant.
Je ne m’attendais absolument pas à rencontrer ce jour-là une femme lumineuse avouant, après que l’on m’ait expliqué en deux mots son parcours, que, oui, elle a bien été infirmière en Afrique et, à l’époque, a bien été la première femme blanche que rencontrait une tribu de pygmées dont elle s’est occupée.
Le récit de sa vie m’a passionnée… j’aurais pu l’écouter des heures, et j’adorerais que ce soit un jour le cas!

Les conversations roulaient sur des sujets très divers, en lien avec la personnalité des hôtes.
Une incursion émouvante dans un album de vieilles photos d’hier déclenchant les sourires, des échanges joyeux… ce fut une très belle après-midi .

Lorsque nous allons aux Pralies, Pomme est à la fête, elle aussi.
Un petit bonjour à ses copines les poules, la découverte de deux lapins sur le point de déménager, et, surtout, la présence de deux ou trois chats, troublants gardiens des lieux.
Ils observent mon Mogwaï, le jaugent, se rapprochent parfois pour s’éloigner à toute vitesse dès que Pomme traduit à tort leurs travaux d’approche en invitation au jeu.
Lorsque que l’un des gracieux  félins « prend ses pattes à son cou », Pomme fonce à ses trousses, ravie de ce qu’elle imagine être le début d’un jeu de « chiens ».
C’est là qu’il faut intervenir… en présentant mes plates excuses au doux chat dérangé par mon mini bulldozer.
Quant à elle, je la ramène au bercail dans mes bras, petite peluche penaude…

Dans la voiture qui nous ramenait vers le Nid, mon Capitaine m’a avoué avoir été très heureux cet après-midi, s’être senti « comme à la maison » au milieu de ces belles personnes.
Depuis qu’il a rencontré la Dame des Pralies, il la considère comme sa petite soeur, et a hier adopté Bernard, qu’il ne connaissait pas vraiment,  comme étant un   « tout bon »!

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais je prends ce genre de rencontres comme des cadeaux…
Et une pensée s’envole ce matin vers le petit royaume des Pralies…

Martine Bernier

 

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