Cela ne s’était jamais vu. Une cérémonie de plus de deux heures diffusée en direct sur les chaînes du monde entier, au cours de laquelle vedettes et personnalités sont venues rendre hommage à celui que l’on disait Roi de la Pop. Et le tout en présence de la dépouille du Roi en question, Michaël Jackson.
Je reste songeuse après cette cérémonie étrange, très américaine. Des discours, souvent trop longs, des pleurs tellement mis en scène que l’on pourrait les croire factices… Et ces enfants, que leur père a cachés avec un soin maladif depuis leur naissance, exposés brutalement aux yeux du monde. Que de chocs à répétition pour ces gamins qui viennent de perdre leur père, qui voient leur vie bouleversée, et qui se retrouvent sous le feu des projecteurs, dans une salle remplie de 17000 personnes endeuillées. Comment gérer autant de douleur, autant d’émotion en même temps? Grandir ne sera pas simple pour eux…
Je suis restée perplexe devant le cercueil doré à l’or fin, recouvert de roses rouges, placé devant la scène. Tout est insolite. Notre culture européenne nous propulse à mille lieues de ce type d’hommage. Difficile de comprendre, d’adhérer. Certaines interventions étaient d’un mauvais goût rare. La famille Jackson a le sens du spectacle… C’est pourtant l’un des frères, Germain, qui m’a le plus impressionnée en chantant « Smile », la chanson préférée de son frère cadet. On avait presque oublié qu’il avait autant de talent…
En regardant chanter en choeur « We are the World », j’ai eu un pincement au coeur. C’est triste penser qu’il n’est plus là pour l’interpréter lui même.
Et puis, j’ai pensé à cet artiste fragile et délicat. Quelle triste « après vie »… Lui que l’on disait si pudique a dû livrer les secrets de son corps aux mains expertes de médecins légistes. Les images de ses enfants qu’il protégeait jalousement et qu’il chérissait, se trouvent exposées partout. Les rapports conflictuels que l’on disait exister entre lui et certains membres de sa famille sont passés sous silence pour laisser la place à des propos sirupeux, des déclarations dégoulinantes.
Dans les semaines ou les mois qui vont suivre, gageons que des livres sortiront, racontant tout et n’importe quoi, déliant les langues sur les zones d’ombre de sa vie.
Il me fait mal au coeur, notre Roi de la Pop.
L’image de son cercueil était si semblable à ce que fut sa vie… Un homme seul, dans une enveloppe dorée…
Martine Bernier