Fontevraud et la chapelle des courants d’air

Il existe en France, dans la Vallée de la Loire, un lieu qui me fascine.
Ou plutôt… un double lieu qui me fascine.
Le premier est l’Abbaye Royale de Fontevraud, à une heure d’Angers.
Etroitement liée à l’histoire des Plantagenets, elle a vu défiler les siècles puisque l’abbatiale a été construite de 1105 à 1160.
Cinquante-cinq ans pour la bâtir.
La durée d’une vie d’homme, longue pour l’époque.

Son architecture est un chef-d’oeuvre, oscillant entre gothique et Renaissance.
Les maîtres d’oeuvre qui ont travaillé là-bas ont mis au service du lieu leur savoir et leur diversité.
Le résultat est d’une beauté sereine.
Tout a été pensé pour créer un lieu de recueillement.
Le cloître, avec le calme et la douceur de ses jardins, les galeries de déambulation, la salle capitulaire et sa magnifique voûte, l’escalier Renaissance, tout est à la fois parfait et original.
Mais la perle des lieux reste la cuisine romane aux toits de pierre dure en « écailles de poisson ».
La seule, dit-on, arrivée jusqu’à nous dans cet état de conservation.

Dans l’église reposent notamment les gisants polychromes d’Aliénor d’Aquitaine, de son époux Henri II, roi d’Angleterre, et de leur fils Richard Coeur de Lion.

A chaque fois que je m’y suis rendue, j’ai vécu la même émotion, le même trouble.
La puissance de ce lieu est impressionnante.

Il y a quelques années, à notre première visite, alors que nous reprenions la route, j’ai eu l’attention attirée par une petite construction ancienne, au milieu des champs.
J’ai demandé à Eric de s’arrêter et nous sommes allés voir de plus près.
C’était une minuscule chapelle.
La porte était fermée et l’endroit était à l’abandon.
Mais, à travers la petite fenêtre sans vitre, il était possible de voir l’intérieur.
Au-milieu de nulle part, refuge du vent, la chapelle n’intéressait plus grand monde.
Renfermée sur son mystère, sur ce qui a été son destin, sur ce que ses pierres ont vu et vécu, elle se fondait dans un paysage silencieux.

Après la force paisible de Fontevraud, très fréquentée par les touristes, la solitude de cet endroit venait compléter une journée parfaite…

Martine Bernier

 

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