Pomme au pays des nouveautés

On dit des bichons havanais que ce sont des chiens très intelligents.
Je confirme.
De jour en jour, Pomme, qui a aujourd’hui sept mois, semble se transformer en éponge s’imprégnant d’un maximum d’informations, comme un enfant.

Quel que soit l’état dans lequel je puisse être, elle n’a pas pour autant l’intention de renoncer aux avantages auxquels elle a droit.
La promenade en fait partie.
Toutes les deux heures, quoi que je fasse, Pomme pose ses pattes avant sur moi et jappe.
Si je fais mine d’ignorer son signal, le jappement se répète et va crescendo jusqu’à devenir un aboiement clair et net.
Traduction littérale: « Je veux sortir. Et si tu ne m’écoutes pas, la sanction va tomber dans les minutes à venir. Tu ne viendras pas pleurer! »

Quelques heures après mon immersion dans les tréfonds de la médecine nucléaire, en proie à des effets secondaires insolites et ravageurs, mon envie première n’était pas de me balader dans les prés.
Mais vu qu’elle n’était pas non plus de nettoyer l’appartement en cas de représailles pommesques, j’ai pris ma veste et nous sommes sorties.

Tout en me jetant un regard appuyé (« tu aurais pu éviter de me faire attendre! »), Pomme fonce vers son coin d’herbe préféré et se soulage discrètement à l’entrée du pré.
Comme je ne distinguais plus très bien le sol du ciel, j’ai soupiré de soulagement: avec un peu de chance, nous allions pouvoir rentrer avant que ces vertiges ne finissent par un atterrissage forcé.
C’était compter sans l’esprit de découverte de mon Mogwaï.
Elle avait l’air tellement ravie de pouvoir gambader que je n’ai pas eu le courage de la décevoir.

Depuis qu’elle a l’âge d’ouvrir les yeux, Pomme est fascinée par le monde qui l’entoure.
Ce jour-là, alors qu’elle courait dans le pré en sautant après les oiseaux, les sauterelles et les papillons, elle est restée en arrêt, truffe au sol, devant quelque chose que je ne pouvais pas distinguer d’où je me trouvais.
J’ai vu qu’elle me regardait, une fois, deux fois… pour finalement m’adresser un petit aboiement.
Là aussi, je sais ce que cela veut dire: « Viens voir!!! Viiiite! »
Si je n’y vais pas, elle vient me chercher et fait des bonds de kangourou jusqu’à ce que je me décide à la suivre.
Je me suis approchée, et j’ai regardé ce qui la fascinait autant.
Devant elle se trouvait un énorme et magnifique escargot.
De temps en temps, il sortait timidement les antennes et la tête pour voir si le monstre poilu était toujours à l’horizon…. pour regagner sa coquille illico dès que Pomme, enchantée de voir bouger son nouveau jouet, lui adressait un joyeux coup de langue.

– Ah non.. Ca, c’est un escargot. Et là, tu viens de lui mettre ta langue dans l’oeil.

Dix mètres plus loin, nouvel arrêt sur image et nouvel aboiement.
Résignée, je l’ai rejointe.
Elle se trouvait cette fois devant trois gros champignons que des promeneurs avaient dû abandonner là, peu sûrs de leur cueillette.

– Des champignons… ne les mange pas, Pomme. Bon, tu viens? On rentre?

Elle s’est assise et m’a regardée, les yeux cachés derrière un rideau de poils noirs.
J’ai senti qu’il allait falloir négocier…

– Je sais que tu as passé du temps seule, aujourd’hui, et que tu n’aimes pas ça. Mais il faut que je rentre, ma puce. Je te ferai des câlins à l’intérieur! Viens!

Elle a penché la tête comme si elle m’écoutait.

– Pomme… tu veux un biscuit?

Mot magique, sésame plus efficace que n’importe quel passe-partout: elle s’est levée, a foncé vers la porte d’entrée.
Une fois dans l’appartement, elle l’a transformé en circuit d’Indianapolis, a signé un magnifique dérapage contrôlé et a pris la pose devant « l’armoire à biscuits ».

Oui, je confirme, les bichons maltais sont incroyablement intelligents.
Et défense de rire.

Martine Bernier

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