Jean Genêt, le sulfureux

Jean Genet

Avez-vous déjà lu un ouvrage de Jean Genêt?
A travers une écriture fine, il aimait aborder les thèmes de la perversion, du mal.
Né en 1910, il nous a quitté en 1986.
Mais quel destin…

Enfant naturel, il a été placé à l’Assistance publique.
Mauvais début pour ce petit Parisien qui, à dix ans, commettait son premier vol.
Ses copains de classe expliqueront, plus tard, qu’il chapardait plumier et crayons.
Un peu normal pour un enfant qui aurait aimé recevoir autant que les autres…
A treize ans, il fugue de chez sa famille d’adoption, et se retrouve placé pour suivre une formation de typographe.
Mais il fugue encore… et cette fois, à 15 ans, se retrouve condamné, à 45 jours de prison, puis envoyé dans « un bagne pour enfants », à Mettray, près de Tours.
Un bagne pour enfants…
Le terme fait frémir.
Il y découvre les rapports de domination et de soumission, les travaux épuisants, les punitions, les journées commençant dès 5 heures du matin.
Il restera dans cet endroit maudit pendant près de trois ans.
Lieu terrible et pourtant… période heureuse pour l’adolescent qui découvre également son homosexualité.
A 18 ans, il s’engage dans la Légion Etrangère, se retrouve en Afrique du Nord pour quelques missions, et démissionne.

Son retour à Paris marque alors une période de vagabondage et de prostitution qui lui vaudra plusieurs séjours à la prison de Fresnes pour vols et usages de faux papiers.
C’est en prison qu’il va écrire « Journal d’un voleur » et « Notre-Dame-des-Fleurs », qu’il va publier à compte d’auteur.
C’est alors qu’il vit l’une des rencontres les plus importantes de sa vie.
Jean Cocteau va le remarquer et l’aider à trouver un éditeur.
C’est un changement mais l’écrivain en herbe n’a toujours pas un sou.
Il continue à voler des livres dans les librairies pour les revendre, est arrêté et, cette fois, risque la perpétuité.
Son protecteur ne l’abandonne pas pour autant.
Jean Cocteau va intercéder pour lui auprès du Président de la République qui transforme sa peine en quelques mois de prison.
C’est en sortant de prison qu’il rencontrera le succès avec des pièces comme « Les Paravents ».

Mais la drogue va le replonger dans la marginalité.

Ecrivain adoré des uns, détesté par les autres, il est l’objet de multiples polémiques.
Toute sa vie, il abordera des thèmes sulfureux, défendra des causes fortes, comme l’homosexualité, les conditions de vie en prison, la cause des opprimés.
Et là encore, certains le verront comme un saint, d’autres comme un manipulateur.
Jean Genêt est mort d’un cancer de la gorge le 15 avril 1986, laissant une impressionnante bibliographie.
Il avait du talent, un très beau talent d’écrivain.
Et il lui a fallu de la ténacité et du courage pour arriver à l’affirmer, lui qui a débuté sa vie dans des conditions aussi difficiles et aussi peu propice à une existence harmonieuse.

Martine Bernier

 

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