Le Prix Nobel, tout le monde connaît.
Mais connaissez-vous l’histoire d’Alfred Nobel (1833 — 1896) dont le nom est utilisé sans que le public connaisse vraiment sa vie?
Papa Nobel bricolait dans la nitroglycérine.
C’est bien connu, s’il faut empêcher les enfants de jouer avec les allumettes, il est encore plus intelligent de ne pas laisser traîner de la nitroglycérine.
Alfred, pourtant, suivit les traces de son père.
En 1862, tous deux inventent un détonateur permettant de faire exploser la nitro sans danger.
Seulement voilà.
Deux ans plus tard, l’usine explose et, avec elle, Emile, le jeune frère d’Alfred, ainsi que cinq ouvriers.
Le drame est terrible… mais Alfred ne se décourage pas.
Il continue à fabriquer le produit dans le monde entier.
Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, la nitroglycérine est très demandée.
Pas par mode, non, mais parce que les mines, les canaux, le chemin de fer, notamment, en sont de grands consommateurs.
Et partout, dans tous les coins du monde, les explosions se succèdent, volontaires… ou pas.
Une usine saute à Hambourg, New York déplore 25 blessés en 1865, 28 morts sont recensés à Brême, un cargo saute en plein port de Panama, faisant cinquante victimes en 1866…
Une hécatombe qui pousse la France à interdire la nitroglycérine, aussitôt imitée par d’autres pays.
Alfred s’inquiète pour sa subsistance.
Il réfléchit, cherche, fait des expériences, et invente la dynamite, explosif solide et sûr.
Pour cela, il mélange trois parties de nitro liquide avec une partie de « kieselguhr », sorte d’argile.
Ensuite?
Comment vous dire…
Nobel devint dans le domaine de l’explosif ce que Rockfeller fut pour le pétrole.
Richissime.
Il ouvre une douzaine d’usines dans une dizaine de pays.
A la fin de sa vie, il est à la tête d’une fortune de plus de 40 millions de francs or.
Le 10 décembre 1896, Alfred meurt.
Les héritiers, nombreux et fort contents, se retrouvent donc chez le notaire avec des mines de circonstances.
Et là, stupeur: le testament est explosif.
Il dit ceci:
« Toute la fortune réalisable que je laisserai en mourant sera employée de la manière suivante:
le capitale placé en valeurs immobilières sûres par mes exécuteurs testamentaires, constituera un fonds dont les revenus seront distribués chaque année sous forme de prix, aux personnes qui, au courant de l’année écoulée, auront rendu à l’humanité les plus grands services. »
Cinq prix sont institués dans les domaines de la physique, de la chimie, de la médecine, de la littérature et de la paix.
Un peu déçus, les héritiers… mais le prestige du prix, lui, a rendu immortel le nom d’Alfred.
Martine Bernier