Il y a quelques jours, je parlais avec une amie de ce que j’estime être « les professions indispensables ».
Un sujet qui me taraude depuis longtemps et qui permet d’éviter le syndrome de la tête qui enfle.
J’adore mon métier, mais je suis consciente que le journalisme ne figure pas dans cette liste d’essentiels.
Comme c’était la première fois que nous abordions le sujet ensemble, elle n’était pas tout à fait au clair avec ma conception:
– Mais… tous les métiers ne sont-ils pas indispensables??
– Certains sont plus essentiels que d’autres, pour moi…
– Sans doute… mais sur quels critères te bases-tu pour les définir?
– Voyons… imaginons que nous nous retrouvions un groupe de personnes échouées sur une île totalement déserte. Quels sont ceux dont les métiers nous permettront de survivre ou de fonder une nouvelle société?
Elle a réfléchi:
– Je comprends. Les agriculteurs, les constructeurs de maison, les chercheurs d’eau…
– … ceux qui pratiquent un métier de la santé, comme toi. Enfin tous ceux qui nous maintiendrons en vie.
– D’accord. Tu as raison: ces métiers sont essentiels à la survie. Mais une fois les premiers temps passés, il y en a d’autres qui le sont pour d’autres raisons.
– Lesquels?
– Et bien… le tien notamment.
– Tu plaisantes?
– Pas du tout! Tu les feras te raconter leur vie et tu écriras un livre…
– … si les constructeurs de papiers et de crayons font partie de notre joyeuse équipe, bien sûr, sans quoi je suis chocolat! Cette occupation les distraira, mais de là à dire qu’elle est essentielle…
– Elle l’est pour deux raisons!
– Lesquelles?
– D’abord, parler de leurs souvenirs les sauvera peut-être de la neurasthénie!
– Et la deuxième?
– Malgré mes précieux soins, la vie passera et nous finirons par mourir. Lorsque un bateau accostera sur notre île alors que nous aurons tous disparu depuis longtemps, ils tomberont sur tes écrits, les liront, et sauront que nous avons existé…. Si ça ce n’est pas essentiel!
Martine Bernier