En juillet paraissait dans l’Express un article intitulé: « Impolitesse: P…. de Français! »
Dans les grandes lignes, il expliquait que la manière de se comporter des Bleus à l’Euro de football n’était pas un cas isolé, constatant que les Français, de l’école à la rue, se taillait une réputation de champions de l’incivilité.
Rude…
Nadine de Rothschild a beau faire, l’article revenait sur quelques incivilités qui ont dépassé les frontières, depuis le célèbre « casse-toi pauvre c… » de Nicolas Sarkozy alors président, du geste ahurissant de Gérard Depardieu ayant uriné dans une bouteille à bord d’un vol Paris-Dublin etc.
Du coup, en réaction, des livres ont paru traitant de la politesse, tandis qu’une campagne « La civilité, ça change la ville » était lancée.
Toujours dans le même article, j’avais adoré l’intervention de Frédéric Rouvillois, auteur d’ « Histoire de la politesse de 1789 à nos jours » (chez Flammarion), qui expliquait notamment que « La France n’est ni la Chine ni la Russie où des décennies de totalitarisme ont désagrégé les repères au point que la courtoisie y apparaît parfois comme incongrue ».
Côté Français, les codes de l’Ancien Régime ont sauvagement secoué la politesse en imposant le tutoiement et en bannissant les « Monsieur » et « Madame » de la conversation, au nom d’une pseudo liberté.
En mai 68, nous explique-ton, la politesse a été reléguée au rang de « coquetterie ringarde et petite bourgeoise ».
Outch…
Dans le même article, Daniel Cohn-Bendit souligne l’importance du phénomène en déclarant que « La dégradation identitaire sont plus graves en France que dans la plupart des pays européens. L’incivilité et la vulgarité aussi. »
Son opinion est partagée par d’autres, y compris par Cécile Ernst, enseignante en banlieue parisienne et aueur de « Bonjour madame, merci monsieur », (chez Lattès).
Elle souligne que « notre rapport au monde est défecteux. Le gentil est considéré comme le pigeon, les tricheurs ne sont pas toujours punis, les parents ont peur d’incarner l’autorité et ceux qui le font ne sont pas relayés par l’école qui met l’accent sur la réussite individuelle et non pas sur la vie collective. C’est toute une chaîne qui est défaillante. »
Pour elle, il existe deux France: celle des bien élevés et celle des mal élevés.
Et voilà.
En une excellente page magazine, des vérités essentielles étaient dites.
La politesse et le savoir-vivre sont pour moi des valeurs essentielles, qui m’ont été inculquées très tôt.
Si je me suis rebellée contre certaines hypocrisies liées à cette éducation que l’un de mes amis qualifiait en riant de « belgo-catho-moralisatrice », j’ai toujours pensé qu’il ne fallait en aucun cas remettre en cause la courtoisie.
La grossièreté, la vulgarité, l’incivilité et le manque de respect sont bien des fléaux capable de gangréner une société.
La grande question est aujourd’hui: le fait que l’on en prenne conscience va-t-il suffire à susciter un véritable changement?
Martine bernier
3 réflexions sur “Le savoir-vivre et les Français”
Et si on remettait à l’agenda des écoles des cours de civilité. Apprendre aux enfants, le respect des autres, des biens des autres, le respect de soi-même. Des cours de politesse, de partage, d’amour … bof oui je sais, je rêve, mais cela me manque, un homme qui fait le tour de sa voiture pour ouvrir la porte à sa compagne, sa mère ou sa cousine … voilà des choses que l’on ne voit plus ou que trop rarement.
Non, non, tu ne rêves pas! C’est bien l’une des solutions: les cours d’autrefois remis au goût du jour. L’essentiel à apprendre aux enfants, surtout s’il ne l’ont pas appris de leurs parents.
(j’adore la phrase: « un homme qui fait le tour de sa voiture pour ouvrir la porte à sa compagne, sa mère… ou sa cousine!) 🙂
C’est pourtant vrai que ce ne serais pas du luxe, car comme tu le dis si bien, les parents, eux, ils ont abdiqué.