J’attendais avec impatience ce film de Gilles Bourdos consacré à la vie de Renoir, dont la peinture m’enchante.
Hier, c’est donc avec impatience que j’ai attendu, au cinéma, que les lumières s’éteignent…
Nous avons assisté à un film qui m’a fait penser à ces parfums discrets dont on découvre la valeur lorsque l’on en sent toujours les effluves des heures plus tard.
Le scénario s’attarde sur les dernières années de la vie de Renoir, qu’il a vécue aux Collettes, la résidence qu’il a fait construire à Cagnes-sur-Mer.
Son état de santé s’est beaucoup dégradé: il souffre terriblement de rhumatismes qui lui déforment les mains et les jambes.
Il ne marche plus, par choix, pour réserver ses forces et les consacrer uniquement à la peinture.
Après la mort de sa femme, il vit entouré de servantes qui s’occupent de lui avec tendresse, et de son fils cadet, Claude, livré à lui-même.
Ses deux aînés, Pierre et Jean, sont partis à la guerre et ont été gravement blessés tous les deux.
Un jour, Jean revient, en convalescence, et découvre le dernier modèle de son père, Andrée Madeleine Heuschling, qui se fera appeler Catherine Hessling.
Cette jeune femme à la beauté exceptionnelle deviendra la muse du père… et celle de son fils qu’elle épousera en 1920 et qui deviendra le cinéaste que l’on connait.
Le film raconte une tranche paisible de la vie des habitants des Collettes.
Nous entrons dans le quotidien, pas dans une histoire scénarisée, ce qui explique que certains passages sont traînants.
Mais au bout de quelques minutes, la ressemblance entre cette atmosphère et celle des tableaux du peintre est saisissante, et je me suis laissée séduire.
Les oliviers, la mer si bleue, le vent dans les herbes, l’eau et les galets de la rivière, la maison dont les murs sont couverts des oeuvres de l’Impressionniste… tout porte au rêve.
Michel Bouquet, dans le rôle de Pierre-Auguste Renoir, est parfait.
Tous les autres acteurs sont justes.
Il manque peut-être un peu de force et de corps au film, mais là-encore, c’est discutable.
Le réalisateur a choisi l’option d’être proche de la réalité de ses personnages à ce moment de leur vie.
Et, surtout, il a travaillé la lumière et l’image d’une manière magnifique.
Une lumière dorée, chaude, tout droit sortie de la palette de Renoir, des images de séances de pose où le modèle et le cadre sont sublimés.
Dans ce film les femmes sont tendres, attachantes, à l’exception sans doute d’Andrée, personnage complexe et plus opportuniste.
Alors?
J’ai aimé le film sans être transportée.
Mais pendant toute sa durée, j’ai eu l’impression de vivre réellement dans l’intimité du peintre.
Le cinéma est oublié à son profit…
Martine Bernier