J’ai la chance de disposer d’une pièce de dimension correcte, dans laquelle j’ai établi mon bureau.
J’y passe le plus clair de mon temps lorsque je ne suis pas à l’extérieur.
Nous avons réussi à y caser sept bibliothèques dans lesquelles se trouvent la plupart de mes livres dits « de travail », et deux commodes à tiroirs qui contiennent et supportent des dossiers, des classeurs et toutes ces choses qui me sont nécessaires au quotidien dans mon travail.
Depuis quelques jours, tandis que tout le monde parle de « nettoyage de printemps », j’ai décidé qu’il fallait absolument que je fasse de la place dans ces fameux tiroirs.
Partant du principe que ce dont je ne me suis pas servie depuis plus de deux ans a peu de chance de m’être utile un jour, j’en ai conclu qu’il fallait que je fasse un tri.
Inconsciente, va!!!
Tout a commencé en début de semaine.
Un soir, armée d’un énorme sac poubelle, j’ai ouvert le premier tiroir, pleine d’enthousiasme.
Manque de chance: c’était celui qui contenait mes cours de psychographologie, suivis il y a quelques années par curiosité, poussée par l’envie de percer les secrets de ll’écriture de mon père.
Ils m’avaient passionnée.
– Hors de question de les jeter, Pomme, qu’est-ce que tu en penses?
Pomme, assise à côté de moi pour mieux suivre le cours des opérations, a approuvé.
Ou du moins en ai-je eu l’impression.
J’ai poursuivi avec la redécouverte de documents occupant une bonne moitié du tiroir en question.
La plupart portent sur l’Histoire du monde depuis l’arrivée des premiers hommes à nos jours.
Si, si, je ne plaisante pas…
Vous imaginez le volume?
J’ai failli refermer le tiroir et ne plus y toucher.
Mais Pomme veillait.
J’ai eu l’impression que le regard qu’elle me portait était lourd de reproches.
– Tu as raison, il faut agir!
J’ai trié chaque dossier et… j’ai réussi à me débarrasser d’une partie d’entre eux.
Je n’avais pas terminé de répertorier l’ensemble du contenu du tiroir lorsque j’ai arrêté.
Il était très tard.
Relire chaque papier avant de le jeter m’avait pris des heures sans que je m’en aperçoive.
Ce matin, de retour dans mon bureau, j’ai fait la grimace.
Il me reste neuf tiroirs et demi à trier.
À ce rythme, mon nettoyage de printemps va durer deux ans!
Martine Bernier