Plongée dans un dossier compliquée, j’étais tellement concentrée que, dans un premier temps, je ne l’ai pas remarquée.
Pomme, qui d’habitude vit sa vie de bichon à son gré, s’est assise en bouddha à côté de mon bureau, à moins d’un mètre de moi, et me regarde.
En clair: elle demande audience.
Distraitement, je lui gratouille le sommet du crâne tout en continuant à travailler.
C’est sans compter sur son art de la persuasion.
Toujours assise, elle fait un bond qui la rapproche de mon siège, tout en jappant discrètement.
Je grommelle un vague: « Tu es gentille… pas le temps… je m’occupe de toi tout à l’heure… »
Ignorer mon Mogwaï?
Ciel!!!
Je n’y pense pas?
Un autre jappement indigné me répond.
Cette fois, je la regarde plus attentivement.
Elle ne me quitte pas des yeux.
Ne me demandez pas pourquoi j’éprouve le besoin de me justifier face à cette boule de poils hirsute qui dodeline de la tête pour me montrer sa désapprobation:
– Pomme… va jouer… je n’ai pas envie de m’arrêter maintenant…
Un « wouaf » plus sonore claque.
Elle n’est pas d’accord.
Sa demande est visiblement à prendre en considération de façon urgente.
Un peu désespérée, je lui demande: « Tu veux vraiment sortir? Tu ne peux pas attendre? Cela ne fait pas trois heures que… »
Pas le temps de finir ma phrase: elle a foncé vers la porte.
Je n’ai pas d’autre choix que de me résigner…
Deux étages plus bas, elle fonce vaquer à ses occupations, histoire de me prouver que, oui, c’était urgent.
Dehors, il pleuvine, le brouillard vient s’enrouler sur les flancs de la montagne.
Je respire un grand coup.
C’est l’automne… et j’adore l’automne.
J’aime voir revenir ce temps maussade qui me ravit.
Je m’occupe de Pomme, ôte les traces de son passage, relève le courrier et me retourne: elle est déjà assise devant la porte sur le perron.
Contrairement à moi, elle n’apprécie ni la pluie, ni le vent.
Je la suis dans l’escalier en souriant.
Si elle n’avait pas été là, je n’aurais sans doute pas quitté mon bureau avant plusieurs heures.
A quoi me sert mon chien?
A tout!
Et notamment à respirer!
Martine Bernier