Il fut une période, dans ma vie, où j’ai passé beaucoup de temps en Roumanie.
Une année, juste après la révolution, j’y étais en plein hiver et je passais trois semaines avec une chorale roumaine avec laquelle j’avais sympathisé.
C’est là que j’ai découvert une tradition que je ne connaissais pas.
Nous étions le 1er mars.
Ce jour-là, les hommes ont commencé à offrir des « martisor » aux femmes.
C’était des ficelles rouges et blanches tressées, se terminant par un toupillon, et auxquelles étaient accrochés des petits symboles: ramoneurs, lys, coeurs, fleurs, cigognes, coccinelles, trèfles etc.
Ils ont eu la gentillesse de m’en offrir beaucoup, m’expliquant qu’ils célébraient ainsi la fête du 1er mars, courante en Europe de l’Est.
Doïna, l’une des femmes de la chorale que j’aimais beaucoup, m’a raconté, tout en m’accrochant un martisor au revers de mon manteau, côté coeur, que ces talismans devaient en principe porter bonheur à ceux qui les recevaient comme à ceux qui les offraient..
Cette tradition relevait d’une légende historique mettant en scène l’empereur romain Trajan qui poursuivait le roi dace Décébale.
Pour ne pas être pris, celui-ci s’était suicidé et son sang avait rougi les plaines où les premiers perce-neige apparaissaient entre les plaques de neige.
Cette année-là, ces fleurs poussèrent plus nombreuses et plus belles que jamais, ce qui poussa les habitants à les ramasser et à les relier avec la laine des manteaux des soldats morts.
De la laine blanche parfois teintée de sang.
C’est ainsi que sont nés les premier martisoare, en l’an 106.
J’ai trouvé la tradition toute simple et touchante.
Aujourd’hui, premier jour de l’année, je ne vais pas vous assommer de voeux, mais, avec deux mois d’avance, j’offre à chacun de vous un martisoar virtuel porteur d’optimisme et d’espoir.
Martine Bernier