Bichon havanais: Pomme et la neige

Chaque année c’est la même chose.
À l’entrée de l’hiver, puis à celle du printemps, Pomme est perturbée.
Comme je commence à bien connaître mon spécimen, je devrais le savoir…
Mais cette fois encore, il a fallu qu’elle nous fasse une brillante et peu appréciée démonstration pour que mon Capitaine et moi réalisions que quelque chose n’allait pas.
Rituellement, son malaise se traduit par… comment dirais-je… une légère faille dans son acquisition de la propreté.
Ce qui a le don de nous irriter sachant qu’à 5 ans, elle ne devrait plus rencontrer ce genre de problème.
Seulement voilà…
Mon Mogwaï est une havanaise bichonne sensible!
Et semble oublier d’année en année ce qu’est la neige puis, à la fonte de celle-ci, ce qu’est l’herbe!

Comme moi, elle n’aime ni les grands froids, ni les grandes chaleurs.
Dès que la neige est tombée et que la température a chuté, elle a commencé à considérer le monde extérieur comme un milieu hostile.
Je voyais bien qu’elle ne se sentait pas bien, mais je n’avais pas fait le rapprochement, pensant que le fait d’avoir reçu beaucoup de monde à Noël l’avait perturbée.
Ce n’est que lorsqu’elle s’est « oubliée » que j’ai compris.
Prenant mon courage à deux mains, je me suis habillée comme doivent l’être les explorateurs en partance pour le Pôle Nord, et je l’ai entraînée dehors.
Le jardin était à lui seul la preuve qu’elle ne voulait rien savoir de lui.
Mon Capitaine lui avait dégagé une large place herbeuse sous le sapin.
En dehors de là, pas la moindre trace de petites pattes pommesques…
Elle n’avait pas apprivoisé le nouvel élément tombé du ciel, restait collée à moi sur le perron.
J’ai passé une demi-heure à jouer avec elle dans la neige, à l’encourager, à la faire courir…
Puis, de retour au Nid, je l’ai placée dans la douche, ai fait fondre à l’eau chaude les boules blanches collées à ses poils et l’ai séchée.
Dans la soirée, j’ai reproduit le même manège.

Ce matin, j’ai compris que ses craintes s’étaient envolées.
À peine est-elle arrivée dehors qu’elle a foncé dans la neige.
Le jardin n’a plus rien d’une étendue pure et sauvage…
Il ressemble plutôt à un champ de bataille dévasté par un troupeau de buffles en colère!
En quelques secondes, elle a réussi à foncer dans la haie (« mince, où est passé mon hérisson préféré?! »), a jouer le chien truffier sur une distance de plusieurs mètres, et à se comporter comme une antilope bondissante dans une savane de neige.
Lorsqu’enfin elle a consenti à s’interrompre, elle m’a regardée, une patte en l’air.
Elle avait le museau saupoudré de neige, comme si elle l’avait plongé dans un pot de sucre impalpable.
Puis elle a galopé vers le perron, s’est à nouveau retournée vers moi, impatiente.
Une fois la porte ouverte, elle a foncé dans l’escalier jusqu’à l’appartement, prenant au passage sa « récompense » du matin que j’ai retrouvée sur son tapis.
À l’intérieur, pas de trace de Pomme.
Ce n’est qu’en pénétrant dans la salle de bain que j’ai réalisé qu’elle avait sauté dans la douche et qu’elle attendait que je lui réchauffe les pattes.
Une fois séchée, elle a foncé dans mon bureau, gesticulant pour faire fuir les corneilles qui ne désespèrent toujours par de pouvoir accéder à la nourriture destinée aux passereaux, puis a sauté dans son panier pour entamer une petite sieste revigorante.
À mon avis… elle va beaucoup mieux!

Martine Bernier

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