Mon Capitaine avait juste le temps de regarder un petit bout du match de rugby de ce soir-là…
Tandis que l’Afrique du Sud talochait joyeusement l’Ecosse, je le voyais savourer les phases de jeu les plus palpitantes.
L’ancien joueur qui sommeille en lui s’est brusquement réveillé: il fallait qu’il enseigne son savoir en la matière à quelqu’un.
Et si possible de façon pratique.
Pomme qui passait par là, toujours très intéressée par ce colosse auquel elle voue un amour inconditionnel, s’est retrouvée propulsée dans le rôle de volontaire désignée.
Celui qui m’accompagne l’a prise dans ses bras, l’a ébouriffée et chahutée à sa façon.
Comme d’habitude, j’ai protesté:
– Arrête! Tu vas lui faire mal.. ou peur!
– Mais.. je lui apprends à jouer au rugby!
– Elle n’aime pas ça!
– Mais si!
Comme pour lui donner raison, mon Mogwaï a sauté de ses genoux et s’est rué vers son panier.
Ma petite Pomme si délicatement féminine s’est emparée de l’une de ses balles en peluche, l’a secouée dans tous les sens, l’a plaquée au sol, l’a coincée entre ses pattes, a posé sa tête dessus et nous a donné une véritable démonstration de mêlée solitaire.
Nous contemplions la scène, à la fois sidérés et hilares.
Très fier de son élève, mon Capitaine m’a regardée d’un air à la fois modeste et satisfait:
– Alors? Elle n’aime pas le rugby? Tu vois!
Martine Bernier