Ce matin, 6h30, heure d’hiver.
Après avoir entendu un bruit dans la maison, Pomme saute sur ses pattes et décide qu’il est l’heure pour elle d’aller s’aérer.
Sa méthode pour me convaincre que je dois accomplir mon rôle de chaperon?
Faire les cent pas dans la chambre jusqu’à ce que je me lève.
– Pomme… va dans ton panier, ce n’est pas l’heure.
Elle s’approche dans le noir, et me lèche timidement le nez.
– Zut! Tu n’as pas écouté les nouvelles? On a changé d’heure cette nuit! En principe, les êtres normaux en profitent et dorment une heure de plus… d’autant qu’on est dimanche!!!!
Re-léchouille.
Mes arguments ne l’ont pas convaincue…
Bon… le sommeil est passé.
Autant me lever, sans bruit pour ne pas réveiller mon Capitaine.
Je referme doucement la porte de la chambre.
Ravie, Pomme file à la porte d’entrée.
– Tu permets que je prenne ma douche et que je m’habille?
Un peu plus tard, mon Mogwaï fait irruption à l’extérieur.
Et là… ne me demandez pas pourquoi… mais rien ne s’est passé comme d’habitude.
Alors qu’en principe elle débute sa sortie en fonçant sur la pelouse et en courant dans tous les sens, là, elle a refusé d’y aller, longeant le jardin en empruntant les escaliers et le chemin dallé.
– Bon, tu veux te balader?
Pas question.
Elle reste là, à flairer le bord de la pelouse d’un air dégoûté.
– Dis, tu veux bien arrêter tes manières? Va dans l’herbe ou viens avec moi ailleurs, fais ce que tu as à faire et ensuite tu auras ton biscuit..
Elle me regarde et prend la direction de la porte d’entrée.
– Hé!!! Tu m’as tirée du lit aux aurores!
J’essaye de comprendre pourquoi elle réagit aussi bizarrement.
Je pose le dos de ma main sur la pelouse: elle est un peu mouillée, mais rien d’anormal.
Mais alors pourquoi mon Mogwaï a-t-il l’air aussi perdu, aussi inquiet?
Et là, je réalise que… depuis plusieurs jours, il fait nuit quand nous sortons.
Et là… le jour se lève.
J’ai beau insister, supplier, rien à faire: mon chien a buggé.
Vaguement agacée, je cède.
– D’accord, on rentre. Mais je te préviens: tu n’auras pas ton biscuit. Voilà!
Je remonte au Nid d’un pas décidé et elle me suit en courant, me pressant pour avoir sa récompense.
Mais je tiens bon et je la dépose sur le coin d’un meuble.
Nous verrons à la prochaine sortie si elle la mérite davantage.
Et me voilà dans mon bureau à 7 heures du matin, le seul dimanche de l’année où j’aurais pu dormir légitimement une heure de plus sans remord!
Puisque c’est ainsi… je réponds à quelques mails… et je vois arriver Pomme.
Elle se dirige dans son panier, comme d’habitude.
Mais au lieu de s’y lover, elle le gratte, attrape ses jouets et les jette hors du panier, semble très énervée.
– Mais, dis donc, toi? Tu es de mauvaise humeur???
C’est si rare que je suis littéralement ahurie.
Elle me regarde, une patte en l’air, m’offrant un regard de reproche appuyé.
Apparemment, il y a quelque chose que je n’ai pas dû comprendre, ce qu’elle semble considérer comme une injustice flagrante.
Ou alors… je lui prête des sentiments humains qui ne sont pas les siens!
Martine Bernier