Samedi.
Nous étions sur la route qui nous ramenait au Nid après avoir passé une délicieuse journée en famille.
Peu après la frontière, alors que la circulation ralentissait, je l’ai vue.
C’était une petite fille d’environ trois ou quatre ans, à la peau mate et aux grands yeux.
Ses cheveux noirs étaient nattés en une longue tresse qui dansait dans son dos.
Elle portait un pull jaune canari et un pantalon foncé.
Et elle sautillait autour d’un homme qui fumait debout, l’esprit visiblement ailleurs.
Cette distraction ne la décourageait visiblement pas et elle continuait à faire de petits bonds, saisissant la main de l’homme pour attirer son attention.
Ils se trouvaient tous les deux au centre d’une minuscule cour extérieure dallée, sans charme et sans verdure.
Un endroit triste que seuls les enfants arrivent à égayer.
La voiture a redémarré, mais l’image m’est restée.
Nous venions de quitter trois de nos petits-enfants, aimés, choyés, comblés.
Le contraste m’a mis la boule au ventre.
Martine Bernier
