Aurélien, 2 ans dans quelques jours, n’aime pas trop le bruit de la climatisation.
Perché sur mes genoux, il la désigne du doigt à son Papyno et lui dit: « Arrête! »
Mon Capitaine empoigne aussitôt la télécommande de la machine et l’utilise comme un téléphone:
– Allo, le vent? Oui, dis, il faut que tu arrêtes, là. Aurélien n’aime pas ça! Salut, le vent!
Et d’un geste invisible, il éteint la clim comme si le vent avait obéi.
Eclat de rire du petit qui lui fait rejouer la scène sans se lasser une bonne dizaine de fois…
*****
Tandis que son papa et Papyno sont sur le balcon où ils discutent plantations, j’aide Aurélien – Tiloulou à manger son yaourt sans transformer le salon en champ de bataille.
Tout à coup, il me regarde, les yeux ronds, et me dit:
– Oh! Closse!
Closse…
Qu’est-ce que c’est que ça?
Pendant que je réfléchis, j’entends… les cloches de l’église qui sonnent la messe du soir.
– Aaaa! Cloches! oui, tu as raison! Tu veux faire les cloches, toi aussi?
– Oui!
– Bon: la cloche, elle fait comment?
– …
– Elle fait « dong, dong »… Et la grosse cloche, elle fait?
– … Dong, dong?
– Ah non, elle fait DOOOOONG…
Ravi, il répète.
– Et la petite cloche?
– DOOOONG?
– Tsss… c’est trop fort! Non, elle fait… diiiing…
– Encore!
Et nous recommençons avant que je lui demande:
– Tu veux la chanson des cloches?
– Oui!
Et me voilà partie dans l’un des airs des Cloches de Corneille:
Diingue diiigue diiing, diiingue diiiingue dooong, sonne sonne sonne, sonne sonne donc,
Diiiingue diiiiingue diiing, diiiiingue diiiiingue dooong, sonne sonne sonne, sonne sonne gentil caaaariiiiiilloooooon!
– ENCORE!!!
Il est ravi, chante avec moi, danse comme si nous nous étions lancé dans un rock endiablé.
– Tu veux qu’on aille chanter tout ça à papa et papyno?
– Oui!
– Avant, on répète. Elle fait comment la cloche?
– Dong, dong!
– Bieeeeeen! Et la grosse cloche?
– DOOONG DOOOONG!
– Ouiiiii! Et la petite?
– (petite voix de circonstance) Ding, ding…
– Bravo!!! Nous sommes prêts! On y va!
Main dans la main, direction la terrasse pour une démonstration haute en couleur.
Et je ne sais pas lequel de nous deux est le plus hilare!
*****
Après une journée harassante, je profite de dix minutes de paix dans mon fauteuil où j’accepte de faire tout ce qu’Aurélien me demande.
Ou presque:
– Viens, papytine!
– Hé! Je ne m’appelle pas papytine! Ma-mi-ti-ne!
– Viens, Matine!
– Où, là?
– Là, là!
Il me tire par le doigt… et je finis par le suivre jusque dans le hall.
– Peuuur… Lume!
Il a peur du noir, semble-t-il, et me demande d’allumer.
Je m’exécute en me demandant ce qu’il veut faire.
Il commence par tourner autour de deux de mes bibliothèques, et finit par trouver ce qu’il cherche, la bibliothèque des enfants!
Je suis aux anges!
Il choisit un livre, me regarde:
– Eteins!
Et me traîne jusqu’au fauteuil.
Comme le font d’autres enfants de la famille, il a trouvé le chemin des livres… et nous voilà partis dans l’histoire du chat Moustache…
Martine Bernier