Cher Ousman Sow,
J’ai appris hier que vous vous êtes envolé pour un monde dit meilleur. 
C’est une nouvelle qui m’a fait mal.
Voyez-vous, Monsieur, vous êtes à mes yeux l’un des artistes les plus grands et les plus inspirés 
de notre époque.
Dès la première fois où j’ai vu vos œuvres, j’ai été happée, interpellée, irrémédiablement séduite par elles.
Vous avez ce don merveilleux d’avoir été capable d’offrir au monde des personnages habités, puissants, bouleversants.
Leur souffrance, leur colère, leur tendresse sont palpables, nous renversent, nous empêchent de passer notre chemin lorsque nous les croisons, y compris au détour d’un magazine.
Je n’ai pas pu me satisfaire de ne les voir qu’une fois dans ma vie.
J’ai acheté des livres qui leur étaient, qui vous étaient consacrés, et, surtout… j’ai rêvé de vous rencontrer.
Un vrai grand rêve que j’ai touché du doigt.
Cela a failli se faire, il y a quelques années.
Mais vous étiez au Sénégal et, lorsque vous êtes revenu à Paris, j’étais dans une période compliquée au niveau de ma santé.
J’ai parlé de vous récemment avec mon rédacteur en chef qui me demandait quelles seraient les personnes que je rêverais encore d’interviewer.
J’avais avancé votre nom.
Je n’avais pas perdu espoir!
Il y a quelques mois, dans une conversation avec Monsieur Gianadda qui est membre de l’Académie des Beaux-Arts dont vous faisiez également partie, nous avons parlé de vous.
Il comprenait et partageait mon admiration…
Vous n’avez pas sculpté que des corps en travaillant de la matière.
Vous avez réussi à traduire les sentiments de vos personnages, vous nous avez permis de les écouter, de percevoir leurs émotions…
Si un jour j’ai la chance de fréquenter le même monde que vous, je serais tellement heureuse de pouvoir passer un moment auprès de vous.
Je ne vous questionnerais pas.
Je me contenterais de vous regarder et de vous sourire.
Est-il vraiment nécessaire d’en dire plus?
Quel bonheur pour le monde d’avoir compté un si bel humain, un si bel artiste parmi les siens…
Martine Bernier
