Comme d’habitude donc, j’ai abordé ce nouvel atelier avec une certaine appréhension.
Et comme à chaque fois, il n’a fallu que peu de temps pour qu’elle s’envole…
La jeune directrice du périscolaire m’a annoncé que seuls deux enfants s’étaient spontanément inscrits à ce qui continue à être présenté comme un simple « Atelier d’écriture ».
Mais j’allais avoir la possibilité d’expliquer aux enfants ce que je fais, ce qui pourrait peut-être en convaincre un ou deux de plus à se lancer dans l’expérience.
J’ai donc été installer mon matériel dans la salle qui m’a été attribuée, puis je suis redescendue pour faire connaissance avec les loulous locaux.
Je leur ai montré l’un des journaux réalisés cette année avec mes groupes précédents, précisant que la première partie des trois heures que je passerai avec eux chaque semaine sera consacrée à préparer un autre petit journal en relation avec le thème (« comme re-créer des liens ») choisi par le périscolaire, et que, pour la deuxième partie, je leur réservais une surprise.
Lorsque je suis remontée dans la salle, cinq enfants m’accompagnaient.
Quatre filles et un garçon que nous avons évidemment rebaptisés « Le Club des Cinq » dans la foulée… sachant qu’aucun d’entre eux ne tiendra le rôle de Dagobert.
Je leur ai demandé s’ils se connaissaient bien, tous les cinq.
– Oui! Très bien!
– Bon, nous allons voir cela…
Chacun a reçu un cahier, a pris un stylo et a griffonné son prénom et son âge sur des morceaux de papier que j’ai ensuite dissimulés dans un bonnet.
J’ai commencé par en tirer un à l’aveugle, mettant sur la sellette ma première jeune interlocutrice.
– Alors… Aude… tu as neuf ans. Tout le monde le savait?
– Ouiiiiii!
– OK. Et qui sait si Aude a des frères et sœurs?
Deux d’entre eux étaient au courant.
– Et comment s’appelle son petit frère?
Les questions se sont enchaînées.
A la troisième, concernant les métiers des parents de Aude, ils « séchaient » déjà.
Très vite, mes cinq nouvelles recrues se sont passionnées par le jeu.
Ils prenaient des notes avec soins, sachant que, par la suite, nous écrirons de petits textes sur ce qu’ils vont apprendre les uns sur les autres au fil des semaines.
Une séance photo a achevé de camper une ambiance très détendue.
Le puzzle commençait à se mettre en place…
Au fur et à mesure que nous avancions, je traçais un plan où leurs prénoms figuraient chacun dans une bulle et je rajoutais des lignes entre les bulles en fonction des indications qu’ils m’apportaient.
Nous faisions un état des lieux de leurs relations…
Notre garçon est le seul du groupe à ne pas être scolarisé dans la même école et à habiter dans un autre village.
– On se connait moins…
– Ah… alors… pas de ligne d’amitié entre vous?
– Ben non.
– Donc, dans notre groupe, Tristan serait le seul à ne pas avoir de lien avec les autres. Et toi, Tristan, qu’est-ce que tu en penses?
– Pour moi, ce sont toutes mes amies.
Les filles se sont regardées et, en une fraction de seconde, ont réagi en chœur:
– Ce n’est pas parce qu’on n’est pas dans la même classe qu’on n’est pas amis! Ça fait très longtemps que tu viens au « péri » du mercredi et on fait plein de choses ensemble… Rajoute des lignes, Martine!
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