Diderot au Bac

Pour l’épreuve de français du bac général, il a notamment été demandé aux élèves de commenter un texte de Diderot .
Critique d’art à ses heures, il intervenait notamment sur l’exposition de peinture de Paris qui se tenait tous les deux ans.
Il a fait ce travail de 1759 à 1781, et c’est sur un texte qu’il a écrit en commentaire d’un tableau d’Hubert Robert, « Grande Galerie Antique, éclairée de fond », que les futurs bacheliers ont planché.
Il y  exprime les sentiments que lui inspire sa contemplation.
Et même s’il m’interpelle, je me demande ce que les jeunes en ont retenu…
Les idées que les ruines réveillent en moi sont grandes. Tout s’anéantit, tout périt, tout passe. Il n’y a que le monde qui reste. Il n’y a que le temps qui dure. Qu’il est vieux ce monde ! Je marche entre deux éternités. De quelque part que je jette les yeux, les objets qui m’entourent m’annoncent une fin, et me résignent à celle qui m’attend. Qu’est-ce que mon existence éphémère, en comparaison de celle de ce rocher qui s’affaisse, de ce vallon qui se creuse, de cette forêt qui chancelle, de ces masses suspendues au-dessus de ma tête, et qui s’ébranlent ? Je vois le marbre des tombeaux tomber en poussière ; et je ne veux pas mourir ! et j’envie un faible tissu de fibres et de chair à une loi générale qui s’exécute sur le bronze ! Un torrent entraîne les nations les unes sur les autres, au fond d’un abîme commun ; moi, moi seul, je prétends m’arrêter sur le bord, et fendre le flot qui coule à mes côtés !Si le lieu d’une ruine est périlleux, je frémis. Si je m’y promets le secret et la sécurité, je suis plus libre, plus seul, plus à moi, plus près de moi. C’est là que j’appelle mon ami. C’est là que je regrette mon amie. C’est là que nous jouirons de nous sans trouble, sans témoins, sans importuns, sans jaloux. C’est là que je sonde mon cœur.
C’est là que j’interroge le sien, que je m’alarme et me rassure. De ce lien, jusqu’aux habitants des villes, jusqu’aux demeures du tumulte, au séjour de l’intérêt des passions, des vices, des crimes, des préjugés, des erreurs, il y a loin.Si mon âme est prévenue d’un sentiment tendre, je m’y livrerai sans gêne. Si mon cœur est calme, je goûterai toute la douceur de son repos.
Dans cet asile désert, solitaire et vaste, je n’entends rien, j’ai rompu avec tous les embarras de la vie. Personne ne me presse et ne m’écoute. Je puis me parler tout  haut, m’affliger, verser des larmes sans contrainte.

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