Elle n’avait que neuf semaines.
C’était un bébé endormi dans les bras de sa mère, inconscient de ce qui l’attendait.
Millvina Dean.
Son histoire et celle de sa famille m’a toujours bouleversée, et je suis loin d’être la seule dans ce cas.
Partout dans le monde, ce destin a frappé les esprits, comme s’il portait en lui un résumé silencieux de toute la tragédie du Titanic.
Millvina Dean était la plus jeune passagère à bord, et elle allait en devenir la dernière survivante.
Sa famille, originaire d’Angleterre, avait décidé de partir s’installer aux États-Unis.
Le père, Bertram Dean, pensait trouver une vie meilleure à Wichita, au Kansas, où un frère de sa femme travaillait dans un magasin de tabac.
C’est ainsi qu’il réserva des billets de troisième classe sur le Titanic.
Ils embarquèrent à Southampton avec leurs deux enfants, Millvina et son frère aîné Bertram, âgé de deux ans.
Le 15 avril 1912, au cœur de la nuit, l’inimaginable se produisit.
Lorsque le navire heurta l’iceberg, la famille Dean fut réveillée par un membre de l’équipage.
Millvina fut portée sur le pont dans les bras de sa mère.
Son frère, sa mère et elle parvinrent à embarquer dans l’un des canots de sauvetage, grâce à la rapidité de leur évacuation.
Mais le père, lui, ne survécut pas.
Il périt dans le naufrage, comme tant d’autres hommes restés à bord.
Sa décision de réveiller sa famille immédiatement leur avait sauvé la vie.
Millvina n’eut aucun souvenir de cette nuit-là.
Mais cette histoire allait la suivre toute sa vie.
Elle grandit en Angleterre, avec sa mère et son frère.
Elle devint employée de bureau, puis cartographe pour le ministère de la Défense pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ce n’est que dans les années 1980, après la mort de plusieurs autres survivants, qu’elle commença à recevoir de plus en plus d’attention.
Elle fut invitée à des commémorations, à des conférences, parfois à des événements liés au film de James Cameron, auquel elle avouait ne pas tenir particulièrement.
Il lui rappelait trop le drame de la mort tragique de son père.
Ce n’était pas un rôle qu’elle avait choisi, mais elle le porta avec dignité.
Elle répondait aux lettres, racontait ce qu’elle savait, rappelait la mémoire des passagers anonymes.
Milvina Dean ne s’est jamais mariée. Elle a vécu toute sa vie en Angleterre, principalement dans le sud du pays, et a travaillé comme employée de bureau, puis comme cartographe pour le ministère de la Défense. Elle a mené une vie discrète, loin des projecteurs, jusqu’à ce que sa notoriété liée au Titanic grandisse dans les années 1980.
Millvina ne s’est jamais mariée.
Elle n’a pas eu d’enfants non plus.
Lorsqu’on l’interrogeait sur sa vie personnelle, elle restait très réservée. Elle semblait avoir trouvé un certain équilibre dans une vie simple, marquée par un destin hors du commun mais vécue avec modestie.
À la fin de sa vie, ses frais médicaux étant élevés, plusieurs acteurs du film Titanic — Leonardo DiCaprio, Kate Winslet, et James Cameron lui-même — contribuèrent à un fonds pour l’aider.
Millvina Dean s’est éteinte en 2009, à l’âge de 97 ans.
Elle aura été la dernière à pouvoir dire: »J’étais à bord ».
Son existence, si modeste et pourtant si symbolique, continue d’émouvoir, de relier le passé au présent.
Une toute petite passagère devenue, avec le temps, la mémoire vivante d’un naufrage.
