En 1692, un artiste hollandais, A. Boogert, s’est attelé à la réalisation d’un livre très particulier, d’environ 800 pages.
Un nuancier, entièrement conçu à la main, évidemment, assorti des indications de l’auteur sur l’usage de la couleur en peinture et la manière d’obtenir certaines nuances en diluant les teintes de la palette à l’aquarelle.
Le Traité des couleurs servant à la peinture à l’eau dormait paisiblement sur une étagère de la bibliothèque Méjanes, à Aix-en-Provence,dont j’ai déjà parlé sur Ecriplume.
Jusqu’au jour où, en 2014, un chercheur médiéviste néérlandais, Erik kwakkel, l’a repéré sur la base de données de la bibliothèque.
D’après ce qu’il en a su, personne n’avait jamais fait mention de ce livre dans le cadre d’une recherche.
C’est donc tout heureux qu’il en a parlé sur son blog, information qui fut reprise aussitôt par quelques mammouths de l’information en ligne, propageant la nouvelle comme une traînée de poudre.
Les internautes sous le charme ont ainsi découvert le travail extraordinaire de Boogert, réalisé avec les moyens de l’époque 300 ans avant que ne sorte le premier nuancier Pantone que connaissent bien notamment les graphistes et autres imprimeurs.
Il est désormais possible de découvrir l’ouvrage en ligne (mais il faut de la patience, car il arrive que le site qui propose ce service connaisse des problèmes techniques, sans doute en raison de son succès: www.e-corpus.com).
Il n’était pas possible de lui offrir plus beau destin tant d’années après sa création.
En se retrouvant sous le feu des projecteurs, le nuancier renaît… puisque la couleur ne peut exister sans la lumière…
Martine Bernier