Je voudrais écouter l’Océan…

C’était déjà grave autrefois.
Là, ça a empiré.
Je le dis souvent: même alors que j’étais enfant, j’ai toujours eu besoin, de manière régulière, presque cyclique, de retourner au bord de l’Océan.
Pas au bord de la mer, non.
Je parle bien de l’Océan, de l’Atlantique, de celui qui bouge dans tous les sens, qui se fâche, qui a son odeur à lui, qui se comporte comme un sauvage, qui fascine et secoue les marins,  donne un goût de liberté comme on ne le retrouve nulle part ailleurs.

Et surtout… j’ai besoin de son bruit, de sa musique, de ses drôles de marées, de sa façon de respirer, de bouger…
Quand je vais le voir, je me mets bien en face de lui, et je le laisse m’envahir.
Je ferme les yeux, je l’écoute, je le reçois.
Ce flux et ce reflux des vagues qui se brisent contre les rochers, les cris des oiseaux qui semblent vouloir se faire entendre au-delà du tapage de l’eau…
Dieu que cela me manque…

Je ne comprends pas pourquoi, mais il y a un moment où je ne tiens plus.
J’ai besoin de le respirer, de le voir, de l’entendre, de le sentir.
Comme un homme que l’on aime et dont on ne peut se passer.
Sans cela, je dépéris, je deviens triste, vide.

Il est ma potion magique.
Vingt minutes auprès de lui me remplissent de tonus et de sérénité tout à la fois.
Il m’apaise et me vivifie…
J’ai l’impression de lui confier ce qui est trop lourd à porter, il me relie à la Terre, lui qui est si puissant.

L’Océan effrayait Scotty qui ne comprenait pas cette masse d’eau mouvante et bruyante, précédée de ce sable si étrange à ses pattes.

Je voudrais… que l’un de ceux qui le fréquentent me le fasse entendre au téléphone.
Je sais, c’est idiot.
Mais là, je n’en peux plus du calme du Léman, que j’aime pourtant énormément.

J’ai besoin de sa force.

Oui, c’est pire que jamais.

Mais comment peut-on être aussi viscéralement attachée à un lieu?!
Non, pas vraiment à un lieu… à cet océan qui, pour moi, a toujours marqué le bout du monde, le bout des terres… et le commencement du mystère.
Là où j’ai laissé mon Triangle d’Or, et d’autres que j’aime profondément.

Martine Bernier

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